19 eme etape: Murcillas-Hospital-Astorga

Retrouvailles et séparations, bus et marche a pied, pluie et soleil, ainsi fut cette journée curieuse et douloureuse.

Des 5 heures du  matin , la pluie est venue douchée le moral du pèlerin, une sorte de crachin breton qui va durer une à deux heures. L'orage qui tonne fait sauter les plomb de l'hôtel et chacun se prépare dans le noir: impossible pour  moi de recharger mon portable.
Tous partent dans l'obscurité et le froid: tristes sont les pèlerins parsemés le long de la route nationale qui traverse les zones commerciales d'avant Léon.
Le moral n'est pas terrible mais s'améliore quand je croise par hasard Michel et Micheline devant l' auberge paroissiale de Leon. J'y étais pour essayer de récupérer une credentiale tandis qu'eux s'étaient trompés de chemin!

Une rencontre providentielle qui nous permet de nous dire au revoir plus profondément en faisant un peu le bilan de cette petite vie commune que fut ce chemin. Je les accompagne jusqu'à la frontière de la ville après une brève visite a la cathédrale (  magnifiques vitraux), à St Isidore et au magnifiques façades ouvragées du monastère San Marcos dont une partie est curieusement reconvertie en hôtel de luxe ( el parador) tandis que l'autre est devenu un  petit musée.

On se sépare sur un pont (et c'est important) car je dois maintenant prendre le bus pour sauter une étape afin d'être a temps à Santiago: C est maintenant que les erreurs de planning se payent car pour faire le Camino, mieux vaut écouter les conseils du bureau du pèlerin de St Jean Pied de Port et prévoir un peu plus de 30 jours avec le voyage. Si on peut gagner des étapes, nul ne peut en revanche prévoir l accident physique ou la mauvaise passe qui vous "retarde". (cf Samuel le prêtre).

Parce que je n'ai pas prévu assez de jours , je dis adieu a Michel-line, Emilie, Fred etc etc en plus des adieux à ceux qui s'arrêtent à la moitié du chemin comme ils l'avaient prévu ( comme Piedra que je  croise encore à Leon avant nos départs respectifs).
Je laisse donc derrière moi mes compagnons de misère et de grandeur , je récupère difficilement une "crisse" de credentiale ( les hospitaliers de Léon rechignent à m'en donner une nouvelle et veulent me donner à la place des feuilles blanches fines et moches à faire seller, c a d tamponner). Je prends le bus avec un certain sentiment de honte. C'est idiot mais j'ai l'impression qu'une partie du chemin s'est arrêtée ici...

Je sors du bus à Hospital de Orbigo, peu avant Astorga, pour marcher, j'en ai besoin physiquement et moralement.

Astorga:

Belle, très belle ville même ( ci contre le palais de l'évêque...). Ce n'est pas pour rien que les touristes y sont présents en nombre, et que c'est le siège de l'évêché. Ici, le pèlerin ne sert a rien économiquement, il n'y a d'ailleurs pas de menu du pèlerin dans les restaurants.
Qu'importe , j'en profite pour essayer à la carte des tapas locaux: des chips maison au piment et une sorte de purée de boudin épicé ( à la manchacana? ).
Spécialité locale, les angelicas, tablettes de chocolat aux amandes entières. Christine, pas la peine de saliver devant l'écran, je ne peux malheureusement pas t'y faire goûter par internet :o)

Voila pour la journée: Ah oui, je me suis fais un tour de rein ce matin qui j'espère va passer (réveil brutal et énervé par le comportement de la pèlerine qui m'avait réveillé. Plus positif, je viens de rencontrer en retournant à l'auberge après le repas de 4 heures ( on est un peu décalé quand on est pèlerin!), les sœurs  Dominique et Véronique, voir l'épisode de San Nicolas et l'alto do Mostarela.

Voila, demain est un autre jour.
Je devrais atteindre  le point culminant du parcours  et surtout la fameuse Cruz de Hierro, ou chacun doit abandonner a travers une croix symbolique quelque chose qui lui pèse .
Pour le moment, ce que j 'abandonnerais bien avant tout, c'est quand même avant tout mon début de lumbago!
je cause , je cause mais je n'ai plus de linge propre et n'ai encore rien lavé...