9eme etape: Ventosa- Najera- Azofra

Étape courte de 16 kms. Objectif: toujours le même, se refaire.

Réveil a 5 heures du matin par le fait de l'habitude, je me fais un morceau d'étape de nuit  pour voir. Il fait si bon à cette heure matinale

En fait, j'ai mal choisi mon étape pour m'orienter à la lampe car le balisage est très mauvais sur cette portion et le chemin très irrégulier: je me donne plusieurs fois l'impression d'être perdu mais finalement  je me retrouve sur la N120 pour le lever du soleil sur Najera. Partout, dans la nuit, des petites pyramides de pierre , parfois presque un petit champ,  cairns œuvre des pèlerins , année par année.

Arrivée à Najera et pause café de prés d'une heure. Najera la rouge, ville de Far West entourée de vastes étendues de sable très fins et très rouge, ainsi que de monts rocheux qui m'évoque la Monument Valley et le désert navajo. Dans le bar, on annonce 34 degrés à l'ombre pour la journée: pèlerin qui va marcher cet après midi, prépare toi à la souffrance!

En ce qui me concerne, le lever du soleil est tout de suite chaud, et je marche en solitaire vers Azofra, seul parmi les vignes  qui poussent  sur le sable grâce à de multiples canaux et aqueducs.

J'apprécie la solitude , enfin, qui fait penser et voir.

Chapeau, crème de bronzage et lunettes de soleil obligatoires. Puis se dresse Azofra, encore plus Far West avec ses façades de briques rouges. Achat de légumes et fruits pour le repas du soir au mercadora (superette) , et découverte de la luxueuse auberge municipale de la ville: chambres par deux! Je partage avec un écossais très sympa et poli qui a fait quelques études de français.

Je fais une sieste , lave mon linge, perd 1 euro 10 inutilement dans la déficiente machine a coca.

Rencontre un couple de québequois ( Michel et Micheline de la Beauce au sud du Québec) et Nills un jeune officier aspirant nantais, féru d histoire avec qui je discuterais longuement dans la soirée.

La soirée justement: un peu spéciale. Rencontre de Jean Yves, 50-60 ans, breton sur le chemin depuis deux mois, parti de Lorient jusqu'à Santiago et faisant le retour. Il me propose le verre de l'amitié, qui s'avère la bouteille de l'amitié. Jean-Yves, comme souvent ceux qui font le chemin retour à pied, s'est perdu sur le chemin. Il ne sait plus ce qu'il cherche, parle de sa vie avec beaucoup de rancœur mais aussi un peu de regrets, les larmes dans les yeux. Il semble en rupture de banc de sa propre famille, sa femme est partie. En rupture d'amour.

Arrivent trois sympathiques militaires français , Nills de Nantes Benoit d Angers et Vincent de Rennes, officiers et sous officier, qui payent aussi leur bouteille de Rioja ( préférez le Rioja Crianza )!

Bref, je fuis un peu tard l'embuscade vers minuit et je m'écroule dans mon lit: quelle honte pour toi, pèlerin!

Le lendemain matin à 6 h, réveil cataclismique, mon sac n'est pas fait et je me souviens avoir oublié mon linge dehors malgré l'orage (de nouveau vers 19 heures!) : heureusement, l'hospitalero  avait tout rentré.